Béganne Collection-Ming

Biographie d'une collectionneuse originale

Crédit photo Cyrille Vimare http://www.vimare.photos

 

Bienvenue à Béganne dans le Morbihan, où vous trouverez la collection Ming constituée de 150 tableaux, sculptures, masques et mobiliers d'art contemporain.

Mais comment une telle collection a t-elle pu arriver dans ce bourg de 1400 habitants sur la rive droite de la Vilaine en 2016 ?

De Nantoung à Quimper en passant par Paris et les Landes, des couleurs et formes venues du monde entier ici retrouvées et rassemblées autour du thème de l'Art Contemporain. Les oeuvres choisies par Ming vous attendent à partir du printemps 2017.

C'est l'histoire de ma tante Ming Chin dont je vous retrace rapidement le parcours ci-après :

 

 

 

 

Ma tante Ming est née en 1934 à Paris, d'une mère bretonne (Penhars-Quimper dans le Finistère) et d'un père chinois né à Nantoung (province de Canton). Sa mère, donc ma grand mère Renée Marie Joséphine Perchec épousa un jeune étudiant chinois venu à Paris pour étudier la culture du blé et publia sa thèse de doctorat à l'Université de la Sorbonne en 1967 (année de ma naissance à Paris 14ème aussi).

Nous pensons dans la famille que ma grand mère se maria avec un chinois dans l'idée de pouvoir partir en Chine afin de concrétiser un rêve d'enfance directement lié aux histoires de mer de Chine que lui racontait son père, second maître mécanicien dans la marine de Toulon et qu'elle ne vit que très peu à Quimper. De cette union nacquirent 5 enfants, dont l'ainée : Hervée Ming Ching.

 

Très jeune Ming quitta le foyer parental de la rue Larrey dans le 5ème arrondissement de Paris près du Jardin des Plantes pour trouver refuge à Montmartre, où elle côtoie les artistes. Devant subvenir à son existence, elle entre comme guichetière à la sécurité sociale pour y finir cadre et chef de centre au moment de sa retraite. Elle possède alors dans les Landes une demeure dont elle a l'espoir de la transformer en Musée d'Art Contemporain et y dispose des dizaines de sculptures monumentales.

Elle rencontre et vit durant plus de soixantes ans aux cotés des artistes peintres, sculpteurs et partage le questionnement du mystère de la vie avec eux, pour finalement "s'abandonner à son gourou" ; Emil Cioran dont elle va régulièrement entretenir la tombe à partir de 1995 au cimetière du Montparnasse.

Malgré une vie maritale de 15 ans avec un homme également amateur d'art, elle se plaît à dire que la solitude n'est rien parmi ses tableaux du Bd de l'Observatoire à Port Royal. Toute sa vie elle encourage et aide les jeunes artistes, s'impose une discipline sans faille en fréquentant les salles de gymnastique tous les matins et visitant une exposition toutes les après midi dans Paris.

Elle s'est éteinte à l'hôpital Necker le 21 juin 2016 à la suite d'un infarctus en sortant de la gym à l'age de 82 ans et a légué toute sa collection à son neveu Gilles Blum, marin de marine marchande.

Xavier Carrer
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Elle créee dans sa maison landaise un univers étonnant et remarquable dans les années 80/90, mais ne parvient pas pour autant à y faire adhérer les élus locaux qui ne lui laissent pas alors le choix que de devoir renoncer.

Alors elle se résigne à se séparer de ses sculptures, se réfugie dans son appartement à Paris avec ses tableaux et mobiliers et vend la maison de Magesc.

Boulevard de l'Observatoire
A chaque retour de mer...
C'est aujourd'hui l'Association : Béganne-Collection Ming qui gère ce fond d'oeuvres orphelines et adoptées en Morbihan pour une nouvelle vie.

 

 

Depuis de 2006, année du décès de ma mère (petite soeur de tante Ming), nous étions convenu que je lui rendais visite à chaque retour de marée ; c'est à dire que tous les mois ou tous les deux mois, à mes retours de mer, je venais Bd de l'Observatoire à Paris bavarder et lui rendre quelques services. Elle détestait que quelqu'un d'autre que moi vienne chez elle réparer sa connection internet, décoincer sa robinetterie calcairisée ou remédier à sa fuite de chasse d'eau. C'était un rituel. D'abord, je répare (il y avait une liste) ensuite je prenais place dans la Lounge Chaire originale de Ray & Charles Eymes des années 70 manufacturée par Herman Miller et elle sur le tabouret, tout en débouchant une bouteille de Champagne Gilbert & fils de Cuis, nous parlions. Elle me demandait toujours si je n'avais rien remarqué, ce à quoi je répondais non, et me faisait traiter de pauvre con car sa dernière acquisition m'avait complètement échappée du regard et revenant de 7 semaines de mer éprouvantes du Golf de Guinnée j'avais bien des excuses mais par pour elle. Alors elle me parlait de la vie, des amours, de la mort, des hommes, ne me demandait pas mon avis, je n'avais qu'à écouter. Tout ce que je pouvais dire était idiot alors je me contentais d'écouter et c'était bien ainsi. Elle disait tout le temps que j'étais ignorant des choses et que je me ferai toujours avoir dans la vie. Etait ce pour cette raison que j'avais peut-être sa préférence car nous étions tout de même 7 neveux et nièces (elle n'avait pas d'enfants) et que malgré ma présumée bétise elle décida de tout me léguer... " Mon pauvre Gilles " ! disait-elle, " mais qu'est-ce que tu peux être con... " Combien de fois l'ai-je entendu. Mais on rigolait bien, nous faisions de bonnes bouffes au restau. du bas ; le café Le Bullier et on payait une fois chacun la note, c'était la règle. Ensuite je repartais en moto chargé d'un sac de livres pour mon épouse Emmanuelle qui comme elle, est une grande lectrice. Moi, je ne lis que très peu ou bien des revues techniques. Elle connaissait (ma tante) beaucoup de monde, mais ne recevait qu'une personne à la fois. Si bien que ce n'est qu'à sa mort que tous ses amis se sont rencontrés physiquement pour la première fois. Elle disait toujours qu'au délà de deux personnes, une rencontre était dénuée de tout sens. Ming avait un rapport simple aux oeuvres et était capable de les retoucher parfois si un détail (de couleur par exemple) lui déplaisait. Pas de chi chi, elle avait une sainte horreur du gaspillage et de l'impolitesse.

Alors mon neveu : Etonnez-moi ! Venez vous assoir, une coupe de champagne ?

 

 

 

 

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